[BD] « Le vagabond des étoiles » de Riff Reb's et Jack London
En
résumé :
·
Tome 1 :
Dans cette
adaptation du roman de J. London, le condamné à mort Darrell Standing attend
l'heure de son exécution. Il se projette dans ses existences antérieures et en
revit les épisodes clés, de la Palestine à l'époque de Jésus au Paris de Louis
XIII. Dans tous les cas, il est témoin de l'injustice du destin et de la folie
des hommes.
·
Tome 2 :
San Quentin. Dans
la prison d'Etat, Darrell Standing, toujours soumis à la torture de la camisole
de force, poursuit ses voyages extracorporels. Il s'incarne dans de nouvelles
vies - hommes, femme, enfant - à travers l'histoire du monde, qui nous font
voyager du western au péplum en passant par la préhistoire. Pour garder la
raison, Darrell Standing recherche et trouve des preuves de la réalité de ses
vies antérieures. S'ouvre également pour lui un abîme de réflexions sur
l'immuable destin de l'humanité partout et toujours inféodée à l'amour, la
superstition et la violence. Finalement en marche vers la potence, il esquisse
un sourire car il a cette phrase en tête : "Il m'a fallu mourir et mourir
encore pour m'apercevoir que la vie était inépuisable".
Les
auteurs :
·
« Riff Reb's » (auteur)
Le 17 décembre 1960
nait le petit Dominique Duprez, dit Riff Reb’s, à Burdeau, en Algérie.
Après les
événements, la famille Duprez s’installe au Havre.
C’est en 1983 il participe
au collectif Neuvième Cauchemar - en référence négative au Neuvième Rêve des
jeunes loups de la bande dessinée belge.
En 1984, avec Qwak,
qu’il a rencontré à Paris où il suit les cours des Arts déco, Riff Reb’s fonde
l’atelier Asylum, où les rejoindront Édith, Cromwell, Ralph, Joe Ruffner...
Ils travaillent
ensemble sur Les Mondes engloutis, une série de dessins animés. En 1985, paraît
son premier album : le premier volume du Bal de la Sueur.
En 1990 avec Parole
de Diable, Riff Reb’s donne naissance à Myrtil Fauvette, (Les Humanoïdes
Associés) un drôle d’anti-héros sale et méchant, un détective qui se bat à
contre-courant contre des lessiveuses, dans une société imaginaire dominée par
des ayatollahs écologistes.
Aujourd’hui, après
avoir réalisé avec Cromwell le troisième tome du Bal de la Sueur, il anime les
aventures de deux déjantées de l’espace, Glam et Comet (éd. Albin Michel).
Enfin, en 2009, il
publie avec succès l’adaptation du roman de Mac Orlan, À bord de l’Étoile
Matutine (Soleil Productions).
·
Jack London (oeuvre adaptée)
Nationalité :
Américaine (États-Unis)
Né à : San
Francisco , le 12/01/1876
Mort à : Glen
Allen, Californie , le 22/11/1916
De son vrai nom
John Griffith Chaney, c’est un écrivain, auteur de romans et nouvelles
d'aventures, de récits autobiographiques et d'essais.
Sa mère, Flora
Wellman, abandonnée par son amant qui ne voulait pas d'enfant, tente de se
suicider. Quelques mois après, elle épouse John London, un veuf, père de deux
enfants. Plus tard, pour le distinguer de ce père, on appellera l'enfant Jack.
Flora est spirite et donne des leçons de piano. Jack exerce de nombreux petits
boulots, tels pilleur d’huîtres, travaille dans la patrouille de pêche,
fréquente les voyous du port d’Oakland, découvre l’alcool.
En 1893, Jack
s’embarque comme matelot sur la goélette "Sophie Sutherland" pour
aller chasser le phoque au large des côtes du Japon. Ce voyage lui inspirera
son premier récit, "Un typhon au large du Japon", couronné par le
prix de la rédaction du San Francisco Morning Call. Ensuite, il suit les
vagabonds le long des voies de chemin de fer et participe à la marche des
chômeurs sur Washington. Il est emprisonné à Niagara Falls pour vagabondage.
C’est à cette période qu’il adhère au parti socialiste.
En 1897, il
participe à la ruée vers l’or du Klondike. Il attrape le scorbut et est
rapatrié en 1898. Ses expériences alimentent son inspiration. Il publie sa
première nouvelle sur le Grand Nord, "À la santé de l'homme sur la
piste" (1899). Le recueil "Le fils du loup" (1900) est un
succès. Il se marie et sera le père de deux filles.
En 1902, il part
pour Londres et publie une enquête sociologique des taudis de l’East End,
intitulée "Le Peuple de l’Abîme". L’année suivante, il publie son
célèbre "L'Appel de la forêt" (The Call of the Wild, 1903), qui
connaît un succès foudroyant, vendu à six millions d’exemplaires. En 1904,
"Croc-Blanc" (White Fang) est publié et connaît un lui aussi un grand
succès.
En 1907, il se fait
construire un bateau, le "Snark", et entame un tour du monde qui
prend fin en Australie, où il doit se faire soigner pour des maladies
tropicales. Il écrit "Martin Eden" (1909), roman d'inspiration
autobiographique et considéré comme son chef-d'œuvre.
En 1909, il est de
retour en Californie et entreprend par la suite, un voyage autour du Cap Horn.
En 1911, il publie "Le Mexicain". En 1913, il publie des mémoires,
"John Barleycorn, le Cabaret de la dernière chance" où il raconte sa
lutte contre l'alcoolisme.
Devenu riche et
célèbre, il meurt à l’âge de quarante ans.
Des avis :
Oscillant entre
réalisme et fantastique, ce roman remarquablement adapté par Riff Reb's
s'impose à la fois comme un procès contre l'univers carcéral et un hommage à la
puissance de l'imaginaire.
Je
ne connais pas l’œuvre originelle de Jack London, je ne peux donc pas me
prononcer sur la qualité de l’adaptation. Mais je suppose que Riff Reb’s lui a
emprunté beaucoup de ses phrases et de son verbe tant l’écriture de cet album
est poignante et ciselée. Dommage cependant que le format soit un peu juste car
le dessin et les couleurs sont également remarquables, parfaitement adaptés à
l’horreur de ce huis-clos carcéral.
Quand
Darrell Standing, le personnage principal, acquiert une dimension presque
mystique en devenant "le vagabond des étoiles", le récit prend force
en démontrant que la volonté d’oppresser ne peut rien face à la volonté d’être
libre.
Un
album puissant, une leçon de résistance et d’humanisme. J’attends avec envie la
2ème partie.
Formidable
cette BD !
Un
sujet sombre, une histoire carcérale sidérante que Riff Reb's nous délivre avec
maîtrise et sensibilité.
C'est
beau, splendide même, fin, intelligent, poétique, très bien écrit.
Un
régal !
Riff
Reb's est un auteur majeur, son graphisme singulier et méticuleux sert
admirablement les grands textes.
Le
Vagabond des Etoiles lui permet d'explorer de nouveaux temps et de nouveaux
lieux avec le même talent qu'il avait déployé sur sa trilogie de la mer.
Attention
! Histoire forte qui ne laisse pas indemne, cette destinée carcérale fait
remonter des dépôts nauséabonds et enfouis à la surface et vient troubler notre
tranquillité d'esprit.
Une
suite directe du 1er tome avec lequel elle forme un vaste et poignant pamphlet
contre le régime carcéral en vigueur aux États-Unis au début du 20°siècle, et
par extension contre l’oppression de l’individu en général. Mais nul discours
partisan ou grande tirade moralisatrice ici. Riff Reb’s adapte Jack London avec
intelligence et livre un diptyque plein d’aventure et d’inconnu, humaniste,
poétique et puissant, davantage axé sur un dessin à la fois réaliste et
onirique que sur les mots. Il parvient à en dire beaucoup plus ainsi et révèle
la puissance de l’imaginaire, qui ne sert pas seulement à rêver, mais bel et
bien à vivre.
Une
œuvre troublante et passionnante à lire absolument.
Par
son dessin virtuose Riff Reb's établit des ponts temporels vertigineux entre
les grands auteurs dont il s'inspire et sa propre interprétation actuelle de
leurs oeuvres. Le Vagabond des Etoiles est une véritable mise en abîme de cette
fusion artistique à distance, le dessinateur joue une partition graphique
éblouissante tout entière au service du roman éponyme.
Riff
Reb's n'a pas fini de nous surprendre, j'attends avec impatience son prochain
opéra de papier.
Mon avis :
Mise
en abime ... physique et psychique !
Vertigineux !!